Johan Paulsson, CTO Axis : "Cinq minutes seulement se sont écoulées depuis que nous avons publié notre article sur les tendances technologiques 2021. L'année écoulée est passée à toute vitesse. J'espère qu'elle a été positive pour chacun d'entre vous et que, même si nous vivons toujours dans un environnement incertain, vous êtes restés en bonne santé et en sécurité. Comme toujours, j'ai tendance à commencer à penser aux tendances technologiques de l'année prochaine dans le contexte de celles que nous avons prédites pour cette année. Toutefois, comme je publie des articles annuels sur les tendances technologiques depuis un certain temps déjà, j'ai jeté un coup d'œil à tous ces billets pour susciter quelques réflexions."
Ce qui est très clair, c'est que le concept de "confiance" est apparu dans la plupart des articles, sous une forme ou une autre. Le contexte a légèrement changé au fil des ans, parfois axé sur la confiance dans l'utilisation des données, la confiance dans la sécurité des systèmes ou le besoin fondamental de croire que les organisations font ce qu'il faut. Mais il est clair qu'il est vital d'accompagner le rythme continu de l'innovation technologique et de développer la confiance dans l'utilisation de cette technologie. Nous ne pensons pas que l'année 2022 sera différente.
Aujourd'hui plus que jamais, il y a un désir sain - de la part des individus, des organisations et des législateurs - de s'assurer que les nouvelles technologies sont développées, fabriquées, utilisées et sécurisées de telle manière que nous pouvons être positif. Pour Axis, cela signifie bien sûr de toujours travailler dans le sens de notre vision d'un monde plus intelligent et plus sûr.
À l'approche de 2022, il est intéressant de voir combien de tendances technologiques entrevues pour l'année peuvent être liées à la nécessité de construire un écosystème technologique de confiance.
Connexion universelle dans les environnements hybride
Pour l'utilisateur final de la technologie, qu'il s'agisse d'un consommateur utilisant son téléphone portable ou d'un agent de sécurité gérant la vidéosurveillance, l'architecture technologique utilisée pour fournir les services est devenue invisible. Peu importe que le traitement ait lieu sur un appareil, un serveur local ou dans un centre de données distant : tout est simplement "connecté".
L'année dernière, nous avons parlé d'un monde qui devenait "horizontal", où la combinaison du cloud, des serveurs sur site et des technologies de périphérie serait de plus en plus utilisée ensemble, chacun étant utilisé selon ses forces, dans des solutions dites hybrides.
Cela n'a pas changé, mais il est évident que la question de l'architecture est propre à chaque client et qu'elle doit tenir compte à la fois des ressources et des politiques internes et de facteurs externes tels que la réglementation locale et internationale.
En tant que fournisseur de solutions de sécurité, ce n'est pas à nous de définir pour le client les environnements et l'architecture qu'il doit utiliser, mais plutôt de lui fournir les outils et la flexibilité nécessaires pour décider de la meilleure solution pour sa situation unique.
Étant donné que le terme "connecté" est devenu la valeur par défaut, nous pensons que la plupart des solutions de surveillance seront en fin de compte hybrides - en fait, beaucoup le sont déjà - ce qui, en soi, a des implications.
La cybersécurité née d'un scepticisme sain
Nous ne considérons pas toujours le scepticisme comme un trait positif, mais en matière de cybersécurité, il peut s'avérer prudent.
Les milliards de connexions qui existent aujourd'hui entre les appareils, les réseaux et les centres de données ont rendu le concept de sécurisation d'un périmètre autour d'une organisation presque complètement obsolète. Les murs qui existaient auparavant sont devenus perméables, et une nouvelle approche de la sécurité a donc vu le jour : les réseaux de confiance zéro.
Les lecteurs réguliers de notre article annuel sur les tendances technologiques peuvent s'interroger sur le passage aux réseaux de confiance zéro en tant que tendance pour 2022, étant donné qu'il a été mentionné dans l'article de l'année dernière. Mais alors qu'il y a un an, nous prévoyions l'accélération rapide vers les architectures de réseau à confiance zéro, nous pensons désormais qu'il s'agit d'une approche par défaut. La pandémie de COVID-19 a également joué un rôle à cet égard, car la flexibilité accrue du travail a entraîné la connexion à distance, via l'internet public, d'un plus grand nombre de dispositifs auparavant utilisés dans l'enceinte de l'entreprise.
Lorsque les réseaux de confiance zéro signifient que le profil de sécurité de chaque appareil et application se connectant à un réseau est évalué indépendamment à chaque connexion, cela a des implications importantes pour le secteur de la vidéosurveillance. Les microprogrammes signés, les mises à jour logicielles régulières, le démarrage sécurisé, les données/vidéos cryptées et l'identité sécurisée deviendront des facteurs d'hygiène dans les solutions des clients, passant du statut de "nice to have" à celui de "must have".
Tout authentifier
Alors que l'approche de la cybersécurité basée sur la confiance zéro se concentre sur l'authentification des informations d'identification des appareils et applications connectés, la capacité à établir l'authenticité de la vidéosurveillance elle-même est fondamentale pour avoir confiance en sa valeur.
La falsification de la vidéo après sa capture, ainsi que la sophistication accrue de la création d'images manipulées, signifient que nous pourrions voir l'authenticité des séquences de vidéosurveillance être plus régulièrement remise en question.
Il sera donc impératif que la vidéosurveillance puisse être établie de manière indéniable comme authentique. Notre approche consiste à ajouter une signature numérique au flux vidéo au moment de la capture - un hash dans chaque image vidéo - fournissant la preuve que la vidéo a été produite par une caméra spécifique et qu'elle n'a pas été modifiée depuis.
Mais ce problème concerne l'ensemble du secteur de la sécurité. Il est donc impératif que le secteur s'aligne sur les initiatives visant à normaliser les approches permettant de sécuriser l'authenticité des séquences vidéo capturées par les caméras de vidéosurveillance, idéalement sur la base de logiciels et d'initiatives open source.
L'IA est établie et acceptée (avec des contrôles appropriés).
Il semble impossible d'écrire un article sur les tendances technologiques sans mentionner l'intelligence artificielle (IA). Beaucoup diraient même que l'IA n'est plus une tendance et que le "génie" de l'IA est bel et bien sorti de sa bouteille. En effet, nous utilisons tous quotidiennement des services précieux basés sur l'IA et le deep learning et y sommes exposés.
Nous pensons toujours que la technologie en elle-même ne devrait pas être réglementée, mais que les cas d'utilisation des nouvelles technologies devraient l'être. La législation et la réglementation relatives au développement et à l'utilisation des technologies et des applications basées sur l'IA devraient être élaborées au niveau local, régional et international. Et il va sans dire que chaque organisation utilisant l'IA devrait y adhérer.
Bien que nous soyons toujours positifs quant au potentiel de l'IA et du deep learning dans la vidéosurveillance, nous nous attendons à ce que l'accent soit mis encore davantage sur les initiatives visant à garantir que l'IA est mise en œuvre de manière éthique et sans parti pris.
C'est un point positif, qui sera d'autant plus important que l'IA s'intègre dans tous les aspects de la vidéosurveillance. Une plus grande intégration de l'IA aux niveaux les plus fondamentaux de la technologie - le système sur puce (SoC) - verra l'IA employée pour améliorer et optimiser tous les aspects de la performance de la vidéosurveillance, de la configuration de la caméra à la qualité de l'image en passant par l'analyse.
COVID-19 comme catalyseur
L'impact à long terme de la pandémie de COVID-19 se manifeste de plusieurs manières. Comme nous l'avons mentionné dans le billet de l'année dernière, la pandémie a été un catalyseur pour les technologies " low/no touch ", dont beaucoup sont désormais intégrées de manière permanente, tout comme l'utilisation de la vidéo intelligente pour garantir le respect de la distance sociale et des directives de santé publique.
En ce qui concerne le secteur technologique, la pandémie a également entraîné des problèmes de chaîne d'approvisionnement qui ont amené de nombreuses organisations à réfléchir à la manière dont elles créent et se procurent les composants clés de leurs produits.
La nature "connectée" de tout signifie que la pénurie mondiale de semi-conducteurs a été un problème important dans de nombreux secteurs, de la technologie grand public à la fabrication automobile. C'est ainsi que de plus en plus d'entreprises - dont Tesla, Apple et Volkswagen - ont déclaré publiquement vouloir concevoir leurs propres semi-conducteurs, ou systèmes sur puce (SoC) (il convient toutefois de souligner que la conception et la fabrication d'un SoC sont des activités très distinctes).
Bien que cela puisse représenter une tendance dans certains secteurs, c'est bien sûr quelque chose qu'Axis fait depuis des années avec ARTPEC, et la conception de SoC optimisés pour des applications spécifiques est certainement quelque chose que nous prévoyons que davantage d'organisations feront dans le secteur de la sécurité et au-delà.
La 5G trouve sa place
D'aucuns pourraient penser que nous sommes en retard sur notre temps en présentant la 5G comme une "tendance" dans le secteur de la surveillance, étant donné qu'elle est à l'ordre du jour depuis quelques années. Mais nous voyons une différence fondamentale entre "battage médiatique" et "tendance". Pour nous, une nouvelle technologie ne devient une tendance que lorsque nous commençons à voir apparaître des cas d'utilisation intéressants dans le secteur de la sécurité et de la surveillance. Même si nous pensons qu'il est encore trop tôt, c'est ce qui commence à se produire avec la 5G.
Si le battage médiatique autour de la 5G s'est concentré sur l'amélioration des performances du réseau pour les applications grand public, l'un des aspects les plus intéressants est l'émergence des réseaux privés 5G, qui constituent un cas d'utilisation plus convaincant de cette technologie.
Nous pensons que les réseaux 5G privés présentent un réel potentiel pour les solutions de vidéosurveillance sur des sites clients importants ou multiples, et qu'ils pourraient présenter des avantages particuliers du point de vue de la cybersécurité. Il est certain que si les clients créent des réseaux 5G privés, la vidéosurveillance devra s'intégrer de manière transparente. Surveillez ceci.
Toutes les tendances vues sous l'angle de la durabilité
Le développement durable ne peut plus être considéré comme une tendance. Elle doit être intégrée dans tout ce que nous faisons : la manière dont nous concevons et fabriquons les produits, la manière dont nous gérons notre entreprise, les performances de nos fournisseurs - tout cela dans le but de réduire notre impact sur l'environnement et d'opérer de manière éthique et digne de confiance. Chaque fois qu'une tendance technologique semble présenter une opportunité, elle doit également être examinée sous l'angle de la possibilité de la développer et de la mettre sur le marché de manière durable.
Qu'il s'agisse de l'efficacité énergétique et des matériaux utilisés (et réutilisés) dans un appareil photo, de l'endroit et de la manière dont il est fabriqué et livré, ou des implications éthiques des nouvelles technologies et pratiques commerciales, il est tout aussi essentiel d'interroger les tendances en fonction de critères de durabilité que de les identifier en premier lieu.
L'année 2022 sera sans aucun doute une autre année fascinante, qui ne sera pas exempte de défis mais qui offrira également des opportunités importantes. Comme toujours, nous envisageons l'avenir avec optimisme.