
La combinaison de l’IA et des données provenant des systèmes de vidéosurveillance va transformer la façon dont nous gérons le trafic et la mobilité urbaine dans les années à venir. De l’acheminement hyperpersonnalisé et de la communication de véhicule à X (communication VAX) à la planification et à la mesure plus efficaces des infrastructures, ces systèmes jettent les bases d’un progrès significatif, important et susceptible de sauver des vies.
La technologie de surveillance comme plateforme d’innovation
Un changement fondamental advient dans notre façon de penser et d’utiliser la technologie de vidéosurveillance. Les avancées de fonctionnalités telles que la résolution, la capacité de faible luminosité et les fréquences d’image plus élevées concernaient autrefois l’expérience du spectateur. Aujourd’hui, la qualité, la quantité et l’étendue des données capturées par ces systèmes nous permettent de faire bien plus que simplement surveiller.
Nous pouvons désormais atteindre toutes sortes d’objectifs nouveaux et complexes, qu’il s’agisse de réagir et de répondre aux cas en temps réel ; d’anticiper, de prévenir et d’influencer les résultats ; ou même d’apporter aux plans de nouvelles données variées. Cela nous donne plus de moyens d’évaluer, de mesurer ou même de redéfinir le succès – ce qui est particulièrement utile pour le secteur du transport, qui a toujours été confiné par des données limitées et étroites.
Les autorités de transport et les planificateurs sont confrontés à une liste sans fin de défis : hausse du nombre de conducteurs, embouteillages, usure des routes, objectifs d’émissions, santé et sécurité publiques, ainsi que dégradation des conditions environnementales. Cela rend la hiérarchisation et la justification des investissements particulièrement difficiles, en particulier dans le cadre de budgets départementaux qui s’amenuisent.
Grâce à la capacité de l’IA à traiter, à analyser et à identifier des modèles dans des volumes de données gigantesques, les autorités de transport disposeront bientôt de données beaucoup plus riches permettant de prendre des décisions informées, une grande partie de celles-ci étant issues de la technologie de surveillance. De plus en plus, ces systèmes deviennent une plateforme de données sur laquelle sont construits de nouveaux cas d’utilisation passionnants qui façonneront la mobilité de demain. Et la bonne nouvelle est que des millions de caméras surveillent déjà nos routes et nos villes, générant des données qui n’attendent que d’être utilisées.
Voici quelques-unes des façons presque infinies dont les systèmes d’IA alimentés par la surveillance pourraient transformer nos systèmes de transport dans les années à venir :
Planification sur mesure d’itinéraires
La planification d’itinéraires relève d’une complexité beaucoup plus grande qu’il n’y paraît au premier abord. Bien que des améliorations aient été apportées pour tenir compte du trafic et d’itinéraires alternatifs, celles-ci sont appliquées selon une approche généralisée. Actuellement, il n’est pas ou peu tenu compte du type de véhicule, et encore moins d’objectifs plus larges et plus conceptuels. Les systèmes de surveillance fournissent déjà des données en temps réel sur le véhicule du conducteur (par le biais de caractéristiques visibles et de la technologie de reconnaissance de plaque d’immatriculation) et pourraient bientôt détailler les conditions routières en temps réel. Ils constituent donc des ressources idéales pour une planification d’itinéraires plus personnalisée.
Les conditions météorologiques, par exemple, peuvent considérablement affecter les performances d’un véhicule. La vitesse et la direction du vent ont un impact considérable sur la consommation de carburant. Cela est particulièrement pertinent pour les véhicules de transport et les poids lourds qui consomment déjà beaucoup de carburant et sont peu aérodynamiques. Pour les véhicules électriques également. Les longs temps de recharge multiplient les effets d’une réduction de l’autonomie sur le trajet. De même, les routes verglacées ou partiellement inondées sont praticables pour des 4x4, mais les plus petits véhicules et motos ont besoin d’itinéraires plus adaptés. Les scooters électriques craignent les routes en mauvais état, avec nids-de-poule, pavés déchaussés ou rails de tramway. Même la visibilité, qu’il s’agisse de faible luminosité, de brouillard ou d’autres conditions météorologiques difficiles, peut être prise en compte.
Les observations en temps réel sont également susceptibles d’aider directement les conducteurs et d’améliorer la perception de la situation. Les systèmes de surveillance peuvent détecter les véhicules ayant des problèmes d’adhérence et suggérer aux conducteurs de réduire leur vitesse. Ou réagir à des subtilités comme la trajectoire ou le passage aux phares antibrouillards.
Déplacement et stationnement assistés
Une gestion efficace des voies et de la vitesse peut faire la différence entre un trafic fluide et des embouteillages de plusieurs kilomètres. Un système surveillant l’utilisation des voies et qui conseillerait quelle voie emprunter et à quelle vitesse, par le biais de l’infodivertissement embarqué et de la signalisation extérieure, serait révolutionnaire. Ces mêmes systèmes pourraient également téléguider les feux tricolores et systèmes de signalisation, en donnant priorité et en rééquilibrant les temps d’attente de manière optimale. De même, inciter à se conformer à ces instructions par le biais d’une forme de réduction de la taxe de circulation ou de la prime d’assurance nécessiterait une documentation fiable, avec des caméras capables de l’assurer. Mais tous ces véhicules se dirigent quelque part, ce qui signifie une chose : ils ont besoin de stationnement.

Le stationnement est une question récurrente pour les municipalités. Jusqu’à 30 % des conducteurs en milieu urbain encombré sont à la recherche d’une place pour se garer. Et ce nombre ne tient même pas compte de ceux qui ont abandonné leurs recherches et poursuivent leur trajet plus loin. Concrètement, toute amélioration à ce niveau peut avoir un impact considérable sur les embouteillages et les émissions.
Les caméras peuvent facilement repérer les emplacements idoines, que ce soit dans un parking ou en rue. En combinaison avec l’analyse du trafic et les avancées de la connectivité VAX, les conducteurs pourraient dans un avenir proche être affectés à des espaces disponibles et dirigés vers ceux-ci. L’efficacité de ce système peut encore être démultipliée si l’on envisage des véhicules sans conducteur communiquant entre eux pour définir qui se gare où.
Également, ces mêmes systèmes pourraient conseiller aux véhicules hybrides l’utilisation du type de moteur. En sachant où et combien de bornes de recharge sont disponibles à une destination choisie, ainsi que les niveaux de trafic et de temps de trajet nécessaires, les véhicules pourraient être invités à passer du mode thermique au mode batterie, et vice versa.
Des options de substitution plus efficaces, telles qu’un stationnement plus éloigné associé à une navette de bus ou à la location d’une trottinette électrique ou d’un vélo, pourraient également être proposées aux conducteurs.
Améliorer la sécurité routière en identifiant les quasi-accidents
L’objectif premier de toute autorité de transport est de rendre les routes les plus sûres possibles. Les accidents et les incidents sont signalés de manière rigoureuse et éclairent de nombreuses prises de décision. Le problème avec le suivi des accidents et des incidents, cependant, est que les quasi-accidents ne sont pas signalés. Même si tous les signes indiquent un accident imminent, ce n’est qu’après coup que des mesures sont prises.
Les données de surveillance changent tout cela. Pour les zones à haut risque telles que les passages piétons, les ronds-points et les carrefours, les caméras et les systèmes audio pourraient facilement suivre le comportement des conducteurs en approche, repérant des points tels que les vitesses élevées et décélérations rapides, les dérapages, l’utilisation de l’avertisseur sonore, et les appels de phares. Deux avantages en découlent. Tout d’abord, cela indique quel type de mesures préventives doivent être prises, qu’il s’agisse d’améliorer l’éclairage, d’installer des miroirs assurant une meilleure visibilité ou encore des dos d’âne. Deuxièmement, on dispose d’une multitude de nouveaux indicateurs pour mesurer l’efficacité de toutes les mesures prises pour améliorer la sécurité routière. En définitive, tout cela se traduit par des routes plus sûres, avec moins d’accidents.
Redéfinir le succès de l’urbanisme
Grâce à ce pool de données en constante expansion, les autorités de transport et de planification prendront bientôt des décisions beaucoup plus éclairées. En effet, de plus en plus de villes investissent dans leurs jumelles numériques pour modéliser l’efficacité de nouveaux changements et propositions avant de les déployer effectivement. Les systèmes de surveillance sont déjà une source précieuse de données historiques et en temps réel pour ce type de planification. Les programmes pilotes et les initiatives locales peuvent fournir une boucle d'apprentissage, d’amélioration et de vérification avant des investissements majeurs à l’échelle de la ville.
Les résultats de tous ces tests et de la mise en œuvre pourraient ensuite être utilisés pour façonner une variété de facteurs tels que les politiques de sécurité publique ou de (ré)investissement, les règles spécifiques à des véhicules ou à des zones, l’introduction de nouveaux régimes fiscaux et de génération de revenus, ainsi que de nouveaux incitants pour les conducteurs.
De même, de nouveaux indicateurs de réussite peuvent être introduits et facilement surveillés, comme la réduction des quasi-accidents, la diminution des temps de stationnement/recherche de stationnement, des vitesses moyennes plus constantes, lesquels s’inscrivent dans des indicateurs de santé et de sécurité publiques plus larges au-delà du cadre du département individuel.
Une contribution essentielle
Nous ne faisons là qu’effleurer la surface des possibilités. Mais une chose est sûre : les données de surveillance seront absolument essentielles dans la concrétisation des solutions de trafic futures. Tout indique que les autorités de transport et de planification auront nettement plus d’outils et de leviers à leur disposition pour réaliser des investissements meilleurs, plus sûrs, plus sains, plus durables et plus éclairés. Il sera nettement plus aisé d’expliquer et de justifier les décisions tant aux yeux du public que des détenteurs des budgets. Et, en définitive, l’expérience globale pour les conducteurs, piétons, etc. s’améliorera considérablement.
